Chambre du blessé [Suite de quête : Le Feu et la Glace]

Les hommes et les femmes des clans des montagnes ont toujours été des individus chaleureux, mais fiers et susceptibles. Ce caractère, selon certains, vient du fait qu'ils vivent exclusivement dans des régions dangereuses où les falaises et les crevasses ont tôt fait d'emporter dans la mort les téméraires et où les vents mordants de l'hiver peuvent en quelques instants plonger le plus résistant des orcs dans un sommeil éternel.
Ludmilla, même si elle savait contenir ses humeurs en temps normal, avait cependant hérité ce caractère. Par conséquent, même si l'idée d'un homme faisant tout pour lui éviter le moindre effort était assez charmante d'un côté, de l'autre elle n'aimait pas trop qu'on lui pique sa part de boulot, surtout quand elle s'y mettait d'elle-même.
Mais bon, passons. Après avoir un peu marché dans la ville, ils avaient trouvé une auberge et s'étaient installés dedans, l'aubergiste leur ayant offert une chambre le temps que le jeune cinglé se rétablisse.

Pendant leur attente, le guerrier avait essayé de comprendre le livre, mais il ne savait manifestement pas lire (Comme toujours, il faut rappeler que Ludmilla a une certaine méconnaissance du monde extérieur : elle ne peut pas comprendre le concept de plusieurs langues différentes... Bon, une ou deux à la rigueur, mais ce genre de détails ne lui vient pas tout de suite à l'esprit) et confia le bouquin à la guérisseuse, qui elle commença à parler de tout un tas de choses auxquelles Ludmilla ne comprenait rien... Excepté les termes "trésors" et "montagnes" qui sonnèrent littéralement dans ses oreilles. La bergère prit sa bourse, regarda ce qu'il y avait à l'intérieur, pensa au fait que tout serait beaucoup plus facile si elle était riche et arriva à une conclusion simple et claire en moins de cinq secondes.

"Ou alors on prend le livre, on suit les indications et on récupère le trésor... Ho, vous en faites pas pour lui. Ce gars est entre de bonnes mains avec l'aubergiste ! " Grand sourire.

Ludmilla ne s'était pas attendu à ce que les deux autres acquiescent si rapidement. Mais elle n'allait pas non plus s'en plaindre, elle venait de se trouver deux compagnons de voyage manifestement aussi frappés qu'elle pour aller chercher un hypothétique trésor ! Et puis c'était toujours plus marrant à plusieurs...
Elle fronça un peu les sourcils lorsque Baretlan se présenta... Le "Paradis", ça ne lui disait rien... (Ou plutôt, le terme employé chez elle n'est pas le même et désigne quelque chose d'un peu différent, mais bref.) Haussant les épaules, elle se présenta à son tour :

"Moi c'est Ludmilla. Enchantée !"

Et ne sachant pas quoi rajouter d'autre, elle enchaîna sur le sujet qui les intéressait tous les trois :

"Alors ... D'après ce bouquin, il faut aller où ? Histoire qu'on puisse mieux préparer nos affaires..."

Le bateau... Sans façon. Avec son dernier séjour dans une de ces maisons flottantes Ludmilla avait dormir la plus grande partie du voyage, ce qui lui avait valu une mauvaise surprise à l'arrivée. Et puis, les gens comme elle, ils marchaient !

"Le bateau, ce sera sans moi. De toute façon, j'ai plus les moyens. Et la marche à pied, ya rien de mieux pour vous forger le caractère !

Par contre... C'est quoi des nains ? Vous en parlez depuis tout à l'heure, et ça me dit absolument rien..."

Rien de plus rassurant pour les nouveaux coéquipiers de Ludmilla que de savoir qu'elle ne sait pas ce qu'est un nain... Même pas sortis de l'auberge, que pour ces trois courageux aventuriers l'aventure s'annonçait déjà épique ! Et très certainement épuisante, par l'ignorance de Ludmilla et sa préférence pour les choix les plus fatiguants...